J'ai horreur des blogs qui n'avancent pas …. mais je vous assure qu'ici, c'est vraiment difficile pour moi, d'être à la fois :
dans un lieu avec connexion internet, (c'est l'Afrique !)
avec la clef usb nécessaire dans la poche (c'est Alsaïmer !)
et avec les codes et mots de passe du blog !!… (c'est moi et l'informatique ...)
Petits chapitres, petites réflexions
Nos petits soucis de blancs
moi : je souffre beaucoup de la chaleur (ici, même les nuits ne sont pas rafraîchissantes) ; je n'ai jamais autant suer de ma vie, j'ai très vite mal à la tête si j'oublie de boire ou de me couvrir la tête, et j'ai les pieds gonflés en fin de journée … j'ai des petits boutons qui poussent de partout ; les cheveux et les ongles poussent deux fois plus vite ici (climat chaud et humide, comme les plantes vertes !), et donc les poils noirs de mémé sur le menton aussi, et les racines blanches du hénné … wahou la sorcière ! Moustiques, araignées ou fourmis, je suis toujours la seule à me faire piquer ...
Jm : il est carrément marron foncé, même du torse, et il a perdu quelques bourrelets ; au niveau tignasse et barbasse, il ressemble de plus en plus à Pifou ; mais, il est tout furonculé ! trois « bols » (comme ils disent ici) sur le devant de la jambe gauche (tibia, rotule et cuisse) qu'il a bien voulu traiter aux antibiotiques quand ça a commencé à l'empêcher de marcher …
Cathy :
effectivement, les gens du village t'ont donné un nom africain : « Djilo », en référence à « a big sister, a strong woman » mais je n'ai pas pu en savoir plus, tu nous raconteras ?
Beaucoup m'ont confondu avec toi, à cause des cheveux, mais comme dit Levi, ils n'ont pas vu que « mama is tall, and cathy is short » (pas grave, tu le sais bien que « tu es la dernière à savoir qu'il pleut », comme disait mon cousin christian)
Des nouvelles de Ludo :
comme il le dit lui même, sa vie à Burey commence à être un petit peu trop réglée comme du papier à musique :
il se lève tôt à la fraîche pour faire le jardinier : arroser, ôter les mauvaises herbes, arracher de vieilles racines, refaire les clôtures, déplacer le composte, bruler les feuilles sèches, chasser les chiens ou les poulets, défricher son terrain, ramasser les oranges-citrons de son arbre ...
quand je ne suis pas là, il fait vaisselle et balayage de la maison (à cause du sable, il faut le faire tous les jours !)
il filtre l'eau bouillie de la veille, se refait un petit café, grignote un bout de pain
ensuite, il s'occupe plutôt de la construction de sa future « cuisine », premier bungalow (en terre et en paille) qui sera réalisé sur son terrain (ils appellent ça une cuisine, mais j'ai plutôt l'impression que ce sera un bar !...) : soit il en prévoit le budget et les matériaux nécessaires avec Levi, soit il dessine des plans, soit il travaille avec Braïma et Siaka à planter les piquets, et surtout, à tenter de faire que ce qu'il a dessiné ressemble à ce qui se construit !...
vers 15 heures, il s'attaque à la préparation du repas, et en fonction des ingrédients qu'il a sous la main, il essaye de varier de l'éternel « casava leaves, riz et poisson séché » en apportant sa touche perso plus asiatique (gingembre, sauce aigre-douce, dalmate ...)
toute la journée, il gère tous les gens ou les enfants qui passent : pour dire bonjour, pour demander un outil, pour montrer un bobo, pour jouer aux moto-car, pour chercher Levi …
pour finir avant la tombée de la nuit, c'est douche, hamac et pétard bouquin, paré pour les discussions jusqu'à point d'heure …
Aller à Waterloo toutes les semaines et à Freetown tous les mois ne l'amuse plus, il commence à lui trotter l'envie d'aller se balader un peu à l'intérieur du pays, ou même simplement de grimper sur la montagne derrière le village, ou d'accompagner Braïma la prochaine fois qu'il ira rendre visite à sa famille dans son village natal …
Il compte rester ici encore pendant les premiers mois de la saison des pluies, mais prendre son sac à dos et remonter tranquillement, en passant par Ziguinchor, pour être en France en aout. Rendez-vous chez Pif&Tartine, mon Ludo !
Quelques mots criots rigolos :
wat i n'apen ? Qu'est qui se passe ?
Take a piss, take a poop : faire pipi, faire caca
a nine-bone : une sardine (neuf arrêtes par bouchée)
exclamations utilisées par tous et continuellement (dorénavant imprimées dans le langage même français de Cathy, on les reconnaît bien) :
éééééh bo ! Qui marque la surprise et la compassion
ah haan ! Qui marque l'intéressement de celui qui écoute, et invite à l'approfondissement
obadia : c'est là bas
small small : doucement, un peu
beaucoup beaucoup : …....!!!!!
L'incohérent, l'absurde, l'irrationnel africain :
vu de mes yeux vu : sur la route, à un moment, il y a un « sheck point », càd une cahute en bord de route avec deux ou trois flics assis sur des bancs, et tenant une ficelle reliée à un piquet de l'autre côté, qui fait barrage ; effectivement, chaque fois qu'on passe, elle est tendue, donc le chauffeur s'arrête juste devant, attend, et au bout d'un moment, le douanier lâche la ficelle, on repart en roulant dessus. C'est tout juste s'il nous regarde vaguement de loin et il ne se déplace jamais.
Alors le plus drôle, c'est quand on est plus de 8 dans le taxi : le chauffeur s'arrête 10 mètres avant la ficelle, ceux qui étaient sur le rebord des fenêtres, dans le coffre ou sur le toit descendent, passent le sheck point à pied, devant la cahute, et se réinstallent dans le taxi qui les attend 10 mètres après ; et tout ceci au vu et au su des flics ! C'est toujours comme ça, ça ne les étonne pas, ça ne les dérange pas, et ça me fait rire ! (y'en a que ça énerve …)
Lors d'une discussion avec Braïma :
à un moment, silence … pour l'ambiance, je ferais remarquer que les discussions, c'est souvent le soir, sur la terrasse, on est dans le noir et on se distingue à peine (la bougie ne tient pas, se faisant souffler par le vent), et que les silences ne sont pas gênants comme chez nous, il y en a souvent, on en profite, on est bien, chacun est dans sa tête et personne n'essaye à tous prix de combler ces instants particuliers ; si on peut reprocher aux africains leur incapacité à prévoir, planifier dans l'avenir, j'affirme par contre, que ce sont les pros du moment présent ;
et donc, à un moment, Braïma reprend en disant : « vous avez vraiment un problème avec l'anglais » … d'une façon très compatissante qui sous-entendait : « je ne croyais pas cela possible à ce point, mes pauvres ... » !! moi qui trouvais justement qu'on s'en sortait pas si mal ! Quelle rigolade !
Idées de prénoms africains (pour ceux qui en auraient besoin …)
pour les filles : kona, mamayo, safi, moussou
pour les garçons : potoni, moussa, siaka, bami, adé
je n'ai pas mis tous les salomon, moïses, maria, theresa, samuel, david, adama, osmann, ibraïm … ni les mariama, charlie, ben, mathilda, nancyni, margrett, william, tommy qui nous rappellent tous quelque chose.
Questions incongrues :
are you happy in your life ?
la seule fois où j'ai insisté (on peut être lourd au début …), mariama qui me regardait sans répondre depuis un moment, a fini par me dire : « soit tu as des problèmes, soit tu n'en as pas. »
Ça ne se pose pas... peut être que le bonheur n'est pas une notion entendue, vu que tu n'as pas beaucoup de choix de vie …
do you like it ? (about food)
évidemment, c'est toujours oui ! déjà parce que tu manges pour te nourrir, ou alors, si c'est un truc inhabituel que tu leur fais gouter (pain d'épice, pâte d'amande ...) , c'est oui pour ne pas être désobligeant !
Notions de propriété :
une coconut trouvée par terre appartient au premier qui la trouve
il faut demander au proprio du palmier avant de les prendre sur l'arbre
si tu achètes un terrain sur lequel il y a un palmier, celui ci ne t'appartient pas
si tu as besoin de le couper pour construire ta maison, tu peux, mais pas avant d'avoir donner toutes les coconuts au proprio du palmier …
ha, et sinon, une chose que je ne savais pas : aucun des palmiers sur la plage n'est sauvage : ils ont tous été planté et ont chacun un propriétaire.(ph43)
Nous et Braïma :
il se dit « non éduqué », mais il a l'intelligence des gens curieux (et la patience de chercher à nous comprendre !) ; il aime être avec nous, il est content d'apprendre la pêche à jm et happy to learn sailing on the boat
l'échange s'est fait par des suites de comparaisons sur des choses simples de la vie quotidienne : la cuisson du poisson, les plantes cultivées dans son village natal, la consommation de la ganja … puis petit à petit, on a abordé le mariage, l'amitié, l'argent, la pollution, la corruption …
c'est avec lui que j'ai mangé mon premier barracuda , tout frais pêché sur thorsson lors de nos 2 dernières journées de navigation autour des banana islands en guise d'adieu.
c'était vraiment chouette … et on était tous les trois très émus quand on a largué définitivement les amarres et qu'il est remonté dans sa pirogue ...
Un aperçu de nos repas :
plantains frits (petites bananes noires peu sucrées qu'on mange salées)
casava leaves (feuilles de manioc avec poisson séché et riz)
lobster (langoustes et riz à sauce huile de palme et tomate)
question du jour : mais qu'y a t il dans ce petit sachet plastique que jm m'apporte comme une précieuse offrande un petit matin ?
Ce qui m'a manqué le plus :
- mon heure de lecture au lit avant de dormir
- au bout d'un mois de consommation d'un plat unique journalier salé, j'ai fait des rêves de café liégeois et pâtisseries marocaines !
Bon, donc pas si grave que ça, en fait !
La veille de notre départ, la Sierra Léone m'offre mon premier véritable coucher de soleil … Habituellement, le soleil s'enfuit discrètement au travers de la brume qui stagne au dessus de l'horizon.
Mercis et adieux à Levi et Ludo …
Départ pour le Cap Vert le mercredi 21 avril à 10 heures.
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