dimanche 20 juin 2010

8 juin


Comme prévu, nos stagiaires Flo, Ol, Lucie et Agathe arrivent à midi de l'aéroport ; après un apéro « ponche coco-ananas » cape-verdien de retrouvailles, ré-appropriation de Thorsson, attribution des cabines, et … ouverture des valises... : elles ne sont remplies que de cadeaux que vous nous avez transmis : des bouquins ! des tablettes de chocolat ! de la crème de marrons ! du miel ! des confitures ! un CD ! des photos ! un mp3 chargé de « là-bas si j'y suis »!
Merci à tous, merci tout plein !

Trêve d'émotions, encore quelques courses d'approvisionnement, présentation de Michel, notre pote grenoblois qui navigue seul (en direction de Madagascar !), visite des plus beaux bateaux de la marina, et en bout de digue sur le banc « wifi libre », chargement du fichier gribb avec aussitôt : cours de météo et découverte du programme pour la semaine. Pour une période si courte, on choisit de rejoindre la plus petite île de l'archipel au nord-est, Graciosa, à 120 miles d'ici et d'en faire notre terrain de jeu.
Dès le lendemain matin, sortie de ponton un peu venteuse et olé olé, Thorsson laisse deux mini signatures bleues sur un bateau voisin ...! ça ne nous était jamais arrivé, ce n'est rien, mais on n'est pas fier 

Sortie du port de Las Palmas, Ol nous fait le crâneur du fraîchement permisé mer, en nous expliquant tous les « tooooooout toooooout » des paquebots en manœuvre dans le port.
30 heures de navigation s'en suivent, le vent étant exceptionnellement un peu ouest, avec une palette de variation de forces de vent, de pétole à 16 nds, tranquille travers pour s'amariner. Car, oui, après les premières heures d'excitation, ils y passent tous, sauf peut être le Ol tant qu'il s'accroche à la barre ;  la fatigue du voyage, l'adaptation au grand air, le soleil qui tape, et le corps qui a du mal à assimiler ces drôles de balancements, hop, il vaut mieux aller s'étendre et dormir... Les quarts seront donc assurés un peu anarchiquement, mais passeront finalement super vite, car insatiable, on les questionnera les uns après les autres toute la nuit et on se gavera de nouvelles de vous tous !
Aux Canaries, il pleut 5 jours sur 365, le saviez-vous ? Ol avait prédit que ça serait pendant leur séjour … bien sûr que non ! Mais tout de même, c'est pendant mon quart avec lui qu'il a plu pendant 10 mn !! je ne savais même plus à quoi ressemblait une goutte d'eau non salée !
Quelques dauphins sont venus aussi les saluer dans la matinée, un peu mollement à vrai dire, mais la première rencontre est tellement magique : ces gros corps lisses, souples, vifs, joliment profilés, cette bouche en sourire qui les rend si gentil, et cette sensation étrange… qu'on se comprend ? qu'on communique ?… on en redemande toujours, encore et encore …
 On choisit d'arriver sur Graciosa au mouillage dans la baie de la Francesa, plage de sable et eau cristalline (comme ils disent dans le guide) ; c'est tellement paradisiaque que toutes les filles se forcent un peu pour se baigner malgré le vent froid et les nuages qui s'amoncellent … On découvre d'ailleurs qu'Agathe ne sait pas nager sur le dos ! Et qu'elle ressemble à une grenouille handicapée dès qu'elle chausse les palmes ! Que Lucie, malgré ses cours intensifs (en petit bassin !!) à la piscine, n'ose pas passer sous le bateau … aïe, aïe, aïe ! C'est donc génétique ?
La soirée se termine en intérieur pour se réchauffer, en cuisinant, mangeant, tout en écoutant des musiques d'ailleurs, finement épicées et savoureuses (« permis de séjour » par l'épicerie quartet).
La journée du vendredi 11 s'écoule tranquillement, siestes, vaisselle, petite discussion intense sur l'acte manqué d'Agathe qui a oublié son livre de math, révision de français pour Lucie qui prépare son oral et nous présente Candide de Voltaire ; vers 16 h, un ferry dépose un premier canot de pimpins sur la plage, puis un deuxième leur largue un panel de jeux gonflables (pyramide, ponton, bouée géante ... etc) ; la baie est grande, mais cela nous décide à lever l'ancre pour rejoindre le port de l'île, juste derrière la dune. 

Ce petit village est merveilleux, avec ses rues ensablées, ses maisons blanches, ses vieux LandRover, et sa population paisible … on se croirait dans un village abandonné au Mexique, j'adore ! Ol repère la charcuterie (pour les chorizos) et le petit resto qui nous accueillera pour notre dîner ; Flo note les numéros de téléphone des locations en imaginant déjà un stage de ligue ici ! 
Lucie photographie un bateau squatt pour Muschu, 




 et Agathe prend les drôles de bestioles de nos assiettes, pulpo, bocinegro y gueldes, passées à la plancha.



Le lendemain, on prend nos sacs à dos et on traverse l'île entre deux volcans pour rejoindre la playa de las Conchas sur la côte ouest ; on parcourt les 6 kilomètres sous le soleil et le vent dans ce paysage désertique pour enfin s'écrouler sur la plage, pique niquer, dormir, lire, et bronzer comme des pimpins ; car seule Flo réussit à affronter les énormes vagues ! Ol ayant étudié le bouquin de Lucie (Candide), il nous en livrera ses commentaires pendant tout le retour qui va ainsi passer très vite !« c'est l'histoire d'un type, il est quand même vraiment niais ... »

Le dimanche 13, c'est voile : on part faire le tour du Roque de l'Este, qui, comme son nom l'indique, se trouve au nord-est de Graciosa ; un gros caillou en forme de haricot, tout plissé, qu'on approche au plus près, oui bien sûr à l'endroit où l'on peut facilement abattre pour s'en éloigner rapidement, les yeux rivés sur MaxSea et le profondimètre, mais ouch ! je vois bien qu'il n'y a pas que moi qui serre les fesses ! Du près à l'aller et du vent arrière au retour, 4 heures de navigation … qui nous épuisent !




Le soir au mouillage de la Francesa, on étrenne le jeu de palets, billard hollandais que Marco nous a offert ; alors que les mecs visent, s'entraînent, tentent d'améliorer leur technique, c'est la mama, uniquement avec sa légendaire chance, qui emporte les parties ! Bonne partie de rigolade, le rhum local dans le sang chauffant l'ambiance !
Le 14, c'est jm qui nous épate en plongeant presque directement au petit matin à cinq mètres de fond pour récupérer son rapala accroché ! Ça lance encore une série de baignades, mais ne décide toujours pas Ol qui trouve l'eau trop froide. Dans l'après midi, on retourne au port … pour commencer à prévoir le retour … choix du parcours, chargement du fichier météo, courses d'approvisionnement, et à nouveau resto de poissons pour tenter de brouiller cette mélancolie qui plane... « c'est déjà fini ? »



Départ à 9h30, on décide de fractionner le retour : 40 miles jusqu'au au sud de l'île Lanzarote où l'on fera une halte, puis les 100 derniers miles directs jusqu'à Las Palmas sur GranCanaria. Vent de travers, assez fort, mais bateau plat, c'est cool ; nos stagiaires sont maintenant plus en forme.
Dès les premières heures, c'est la joie : on pêche, un thon (?), puis un deuxième dans la foulée ! Les FlOl découvrent qu'ils ne sont pas prêts, comme le fait jm, à mettre les doigts dans les ouïes pour maintenir le poisson, et que c'est quand même un peu sanglant et beurk quand on le vide...

A 17 heures, on mouille comme prévu dans une baie … genre LasVegas, mais bon, on est assez loin de la plage, des jetskis, des boîtes de nuit et des feux d'artifice ! Ol nous cuisine les poissons, petite partie de palets, dégustation et dodo collectif jusqu'à minuit.
Ensuite jm fait partir les quarts : Mama-Agathe commencent, elles vont d'ailleurs tenir 5 heures sans s'en rendre compte, zigzagant entre les cargots, partageant des musiques sur le mp3, faisant des exercices d'équilibres sur le bateau … Flo et Ol enchaînent, puis jm et Lucie en dernier : jm avait besoin de la plus motivée pour monter le spi (et le gérer !) pour toute la fin de la route !
C'est donc sans encombre (à part 2 départs au lof qui ont un peu bousculé les dormeurs) qu'on arrive à 17 heures à Las Palmas … douches chaudes, rinçage et rangement des affaires… vérification des mails, allumage des téléphones portables... ça sent le retour à la civilisation...
En soirée, jm nous fait le coup du « bilan de stage », si si, il l'a fait !! (mais c'est plus détendu qu'en entraînement !) puis on s'organise une dernière partie de palets pour confirmer que je gagne toujours, oui oui avec ma chance !
Jeudi 17 juin à 8 heures, les valises attendent sur le ponton …
On les accompagne à l'arrêt de bus … ça y est, cette fois, c'est fini …
... gloups ...
11h30, ils doivent s'installer dans l'avion …
17h30, ils doivent retrouver leur petit camion à Bruxelles…
18h30, ils doivent retenir leur fou-rires en écoutant leur copain belge et en sirotant une bière ...
la journée s'écoule et on les imagine dans leurs déplacements …

Nous ?... heureusement contents de se retrouver nous deux, mais … y'a comme un vide … c'est sûr, le blues est là... on se traîne un peu, on n'a rien envie de faire : c'est comme après un bon film, on n'aime pas se mettre à lire, pour laisser son esprit re-visionner et savourer une deuxième fois les bons passages ; là aussi, on prend le temps de se remémorer les bons moments passés ensemble, avant de se lancer dans autre chose.

C'est qui, et pour quand, les stagiaires suivants ?


Programme de demain ?

Démontage complet du WC qui pue, charmant non ?























1er juin

1er juin : on s'éjecte de cet endroit maudit, emportés par ces vents « d'accéleration inter-îles », 25 nds bon plein pendant 2 heures, histoire de se ragaillardir.
Le 2 au matin, jm me réveille en catastrophe : une mouette, cette conne, a pris notre rapala pour un poisson, et c'est elle qui traîne lamentablement au bout de la ligne … il faut la ramener jusqu'au bateau, jm enfile des gants et la maintient fermement, pendant que j'essaye de dégager l'hameçon de sa patte … mais un hameçon est fait pour ne pas pouvoir être retiré ! Ça dure, j'en bave, et comme elle aussi commence à tourner de l'oeil, il m'a fallu tirer violemment et d'un coup sec pour arracher le crochet, en lui déchirant un bout de palme... gloups … jm la relache, elle se pose mollement sur l'eau, donne deux ou trois coups de battements de pattes pour voir si tout fonctionne et hop, elle prend son envol ! Ouf !
C'était le signal d'un renouveau : une dorade (?) est prise, et presque deux si on avait mieux manoeuvré … pas si facile la pêche !
Le 3, c'est la pétolette totale, si bien qu'on décide d'abattre pour rejoindre directement Las Palmas sur l'île Gran Canaria, où l'on attendra l'avion de Flo, Ol, Lucie et Agathe. On aura 3 jours d'avance, mais continuer de monter pour l'île Graciosa rendrait sa visite trop courte.
On arrive donc au coucher du soleil dans cet immense port commercial, militaire et de plaisanciers de cette capitale ; on préfère mouiller devant la marina fermée à cette heure, devant la plage … les lumières des tours, les sirènes des flics genre Starky&Hutch, les enseignes CacaColé, les voitures sur la 4 voix … on est en pleine ville !


Le lendemain, on passe la matinée à faire les formalités et à se placer au ponton ; on n'est déjà pas des pros pour le mouillage, mais dans un port, on a encore moins l'habitude ; et pourtant, là, ce n'est pas de notre faute si ça cafouille : déjà, y'a un zod à notre emplacement (en chercher le proprio pour le déplacer, tout en maintenant Thorsson entre les autres bateaux), et ensuite, le bout de ficelle plein d'algues avec lequel on doit accrocher l'avant du bateau (perpendiculaire au ponton) s'effiloche ! Là, c'est le mec du port qui s'affole, il faut encore appeler le technicien qui viendra le remplacer …
Bon, bien amarrés, la mama fait sa concierge : on est entouré de suisses allemands (qui parlent fort !), de néozélandais, d'italiens, suédois, ah ! et 2 bateaux français.
Je découvre avec des yeux neufs les différences entre Thorsson et les autres bateaux : à même longueur, on fait beaucoup plus petit parce qu'on est bien plus bas sur l'eau, les autres nous surplombent d'au moins 50 cm ; de plus, on fait tout nu : les autres foisonnent de multiples aménagements et matériels extérieurs : des protèges-vagues, des auvents, des tentes, des moteurs et des porte-annexe, des sièges, des tables avec porte-verres, des jerrycans, des vélos (mushu !!!) des seaux, des caddies, des passerelles, des antennes, des drapeaux, des fils à linge, et même des cactus ! … tout bien rangé et organisé. Je peux parfois zieuter les intérieurs avec étagères, cadres photos, bibliothèques, nappes et napperons (nono, tu remballes ton idée, je n'en veux pas de tes napperons gagnés à la fête de l'école !)… Assurément, je n'en suis pas là quand je dis à jm que j'aimerais un peu plus de confort ! Relativisons, je comprendrai plus tard en discutant avec eux qu'ils s'installent en général pour plusieurs semaines ! Ici !? Oui, pour des réparations, ou parce que « c'est confortable » …
C'est confortable, donc on en profite : les douche chaudes, la laverie automatique, les courses en super-marché, skype au « Sailor-bar », office du tourisme pour les horaires des bus aéroport-marina... ; en faisant du rangement pour libérer la cabine avant (pour les filles), jm doit encore faire du bricolage électrique, car à chaque fois qu'on ouvre un caisson, il découvre un fil dénudé, une gaine coupée, une cosse rouillée … grrrgrrr, vous l'entendez ?





Ça y est, on est fin prêt pour les accueillir ! D'autant que tu ne seras pas dépaysé, mon Ol !

31 mai


Y'a l'blog qui bloque, qui beugue, ou bien ?
C'est normal, c'est parce que j'en suis à la scène que tout le monde attendait … alors il m'a fallu un temps pour décider (je raconte ou je raconte pas ?), et finalement un peu de recul pour vous la faire rigolote !!
Donc le 31 mai, on profite d'un vent de sud pour remonter la côte ouest de Tenerife, aller voir ces magnifiques falaises « Los Gigantes » ; elles sont impressionnantes, monstrueuses … on se sent si petit ! Je pense à Elora qui se dirige vers la géologie, elle en prendrait plein les yeux : ça fait des strates, des plis, des grottes, des trous, des dégoulinures de roches noires ou plutôt rouilles … Ces splendeurs n'attirent évidemment pas que les géologues, mais aussi les touristes … et là, quel gâchis, les promoteurs immobiliers et architectes ne pensent qu'au rendement quantitatif et cassent la montagne pour empiler les immeubles genre hlm les uns sur les autres. En plus, pour le folklore, il est de bon ton de se promener au pied de ces gigantesques murailles sur de faux bateaux genre « christophe colomb » avec bruyants haut-parleurs du guide (pour couvrir le bruit des puissants moteurs !)
1er indice : décor naturel un peu oppressant, genre Mordor
 
Toute la journée, on défile devant ces falaises, de près, de loin, avec les deux lignes de pêche à la traîne pour essayer le nouveau matériel acheté dans le but de conjurer notre sort de bredouilles …
2ème indice : nada, rien, nothing, pas une sardinette ni même un sac plastique : déception et énervement
En fin d'après midi, j'avais repéré sur MaxSea un ultime mouillage à la pointe nord-ouest, pour y passer la nuit avant de se lancer dans la traversée vers les îles de l'est …
3ème indice : toujours prévoir un mouillage de secours si jamais le premier ne convient pas …
Car voilà, on s'avance doucement au moteur dans la baie, il n'y a pas de vagues mais le fond remonte, remonte, je suis à la barre, jm regarde le fond depuis l'avant du bateau, mécontent car il n'y a que des rochers qui risquent de coincer l'ancre, mais qui continue tranquillement (trop nonchalamment pour moi) à rembobiner sa ligne sans se préoccuper des rochers du bord qui se rapprochent beaucoup trop vite à mon goût ; j'imagine déjà Thorsson écrabouillé, émietté sur les rocs, si bien que je panique et prend la décision de faire demi-tour … et là, la voilà : la crise !
4ème indice : je devais avoir mes règles ou être en manque de chocolat pour prendre tout ça si tragiquement
N'empêche que je l'ai interprétée comme un bilan de nos deux mois et demi passés ensemble : il ne supporte plus mes peurs idiotes, il n'en peut plus d'être attentionné et prévenant avec moi si je ne progresses pas, ça ne le fera pas ... alors je me suis effondrée au fond du bateau, n'en ayant plus rien à foutre de ce qui pouvait nous arriver …
Ben finalement, l'a bien fallu se laisser dériver toute la nuit dans cette putain de baie, chacun boudant de son côté !
Jusqu'au petit matin, où le rapala (toujours à la traîne !) s'est coincé dans un rocher au fond, impossible à défaire... Ainsi, nos colères se sont dirigées conjointement sur notre mauvais sort, nous raccommodant pour une bonne discussion et préparatifs pour un nouveau départ !
Avec le recul, ce qui me fait sourire, c'est que je m'étais imaginé ce genre d'engueulade « rupture de couple » dans des conditions terribles, de tempête, de nuit, d'épuisement ; non, non, ça vient aussi comme ça, normal presque, sauf que les mots portent plus à conséquence, car on en vient vite à « dépose moi au bord ! » et les efforts de rabibochage sont urgents et nécessaires si on ne veut pas faire des ronds ridicules dans l'eau pendant plusieurs jours !
Première (et surement pas dernière) expérience qu'on nous avait tant prédit, passée avec succès !
PS : jm rappelle que c'est moi, mama, qui écris le blog …!!

vendredi 4 juin 2010

Sabado 29 de mayo

 Sabado 29 de mayo, départ de San Sebastian de la Gomera pour la grande île en face : Tenerife.
Départ à 13h avec en sortie du port, la gv à peine montée que les « accélérations inter-île » nous envoient du 30 nd de vent arrière : jm prend la barre et l'écoute de gv en mains et fait surfer le bateau : « à ce train là, on y est dans 4 heures ! »... c'était sans compter sur la pétole qui survient quelques miles plus tard ...pétole avec une méchante houle qui fait flapper violemment le génois, claquer la gv et bringuebaler  la bôme, et s'arracher les derniers cheveux à jm « putain, ça abime tout, je ne vais quand même pas tout descendre et mettre le moteur !!! »... et bien si, et en plus, nous décidons de changer de plan, nous irons moins loin que prévu, au mouillage de San Juan sur la côte ouest, plutôt que celui de Las Tejitas au Sud-est …heureusement, une bande de dauphins tachetés de blanc viennent nous voir ; c'est quand même rigolo comme ils sautent et pirouettent quand ils sont tout proche du bateau, alors que quand ils repartent, ils nagent en restant sous l'eau … c'est donc bien des signes de Coucou ! Salut ! non ?
Vue de loin, toutes les petites villes portuaires de la côte ouest de Tenerife me font un effet bof : des grandes tours, des immeubles … J'ai choisi San Juan parce que c'est tout petit, le port n'abrite que des corps morts pour les pêcheurs, mais ce n'est pas très beau non plus … en plus, ils ont inventé une digue de rochers en forme de cubes ! (pierre reconstituée ou rocs taillés ? je ne comprend pas l'intérêt ni de l'un ni de l'autre vu tous les rochers qui traînent partout ici …). 



Mais le mouillage s'avère tranquille ; jm profite de la journée du dimanche pour démonter et graisser quelques winches, pendant que j'écris !







Demain, lunes, suivant le vent, nous irons voir au nord le port de los Gigantes (au pied d'énormes falaises), ou nous redescendrons passer la pointe sud de l'île ...
à bientôt !

23 et 24 mai


23 et 24 mai
Arrivée aux îles Canaries sur la Cala de la Negra de l'île Gomera !(ph 0,1,2,3)
Une journée comme Adam et Eve dans une crique paradisiaque !
Sauf que ouch ! L'eau est froide ici ! Et ce vent de nord-est aussi ! Ha, on n'est plus en Afrique !
A cause du sable noir, l'eau est d'un bleu ! Le ressac sur la plage fait un bruit de grelots avec les galets ; des galets noirs et gris comme dans le Clévieux à Samoëns ; certains aussi sont de couleur rouille, avec des petits trous comme une éponge ; de chaque côté de la plage, la mer a creusé des grottes et des baignoires naturelles dans les falaises ; elles se remplissent à marée haute, l'eau chauffe au soleil et je partage ces endroits magiques avec pleins de crabes rouges et violets pour quelques ablutions ! Dans le bateau, j'apprécie le calme retrouvé, et je mets la radio locale pour me remémorer les bribes de mon espagnol scolaire ...

Une journée pêche en remontant vers le nord le long de la côte, jusqu'à un tout petit port de pêcheurs situé au bout de la célèbre Valle Gran Rey ; faire un demi tour dans le port, apercevoir un pépé qui nettoient sa multitude de poissons dans sa barque, alors que nous, on ne prend toujours rien !... 



On redescend tout au sud de l'île au Port de Santiago, où l'on mouille juste sous un hôtel 4*, pour y passer la nuit, et pour vous envoyer juste un petit message « bien arrivés aux Canaries ! » avec une connexion trop faible pour en dire plus.




Tôt le matin de ce 25 mai, une bonne coupe de cheveux pour jm qui commence à se dire que si on ne lui répond que bien peu quand il dit bonjour, ça doit être parce qu'il fait peur : ses longues mèches jaunes lui font ressembler à bozo le clown sur le devant, mais s'enroulent en dread derrière et font des chignons et des catons bizarres ! Je tranche dans le lard en pensant à Nanou !

Bref, on repart en longeant côte ouest jusqu'au port de San Sebastian …
Pour ma première fois, on entre vraiment dans une marina ! Bon déjà, on se rend compte qu'on a loupé le chenal une fois accosté au ponton des visiteurs … mais, nada grave, le monsieur du port me prend par les épaules, me parle et me parle, trop vite, heureusement avec des gestes, pour me montrer la place qui nous est attribuée tout au fond à droite. Et là encore, deux personnes sympa nous attendent pour nous aider à amarrer le bateau ; l'un d'eux est un pépé qui vit ici sur son bateau, et qui prend le temps de nous expliquer les risques de thermiques, leurs effets et leur sens etc...
Poser le pied sur le ponton me fait encore plus d'effet que sur les plages précédemment ! Ça y est, j'y suis ! Je l'ai fait ! J'en suis toute ébobée, à tel point que je me fais rappeler à l'ordre « t'as trouvé le dernier parebattage ?! ».
 Une fois le bateau bien accroché, on laisse tout en plan, et on se rue presque dans la ville : j'ai envie de marcher, de voir des gens, des maisons, des boutiques, des arbres, de sentir l'odeur de la terre ferme ! Et là, surprise ! On titube presque comme deux alcooliques (c'est l'effet mal de mer inversé !), on a l'impression que les gens sont étranges, on découvre tout comme si c'était une première fois … on est comme des extra-terrestres débarquant sur un lieu inconnu ! J'avais envie de leur dire : « je suis là, et si vous saviez comme j'en ai chié pour y arriver, c'est super d'être là, vous en rendez vous compte ? savez vous que vous avez des voisins africains pas loin qui ont une vie vraiment moins cool pendant qu'on est là ? »
 On est là, et comme des gamins, on en profite : on rentre dans la première épicerie et on s'achète tout ce qui nous fait plaisir, sans réfléchir : du chocolat, des bières, du chorizo et de la confiture de dattes locaux !
Miercoles, Jueves y Viernes ... on restera presque 4 jours dans cette petite ville que je trouve super jolie : ils ont réussi à garder une architecture locale et colorée, non dépareillée par des tours d'appartements touristiques, rien n'est trop clinquant, il y a plein d'arbres et de palmiers, des enfants à la sortie des écoles, et des papis mamies aux terrasses des cafés ... c'est une ville qui vit même sans les touristes ; on dirait qu'ils ont plutôt l'habitude de recevoir des allemands, tout est traduit en anglais et allemand, jamais en français ; mais ce n'est pas encore la saison, c'est très tranquille.
 La première nuit dans le bateau, je mettrais longtemps à m'endormir : pas de roulis bien sûr, mais surtout aucun bruit ! ni flic floc sur la coque, ni ding ding des drisses contre les mats, ni grincement des amarres, ni musique ou animation de la ville, incroyable !
On est resté 4 jours parce qu'on n'a pas chômé sur le bateau : on a profité de l'eau pour tout rincer, les boutes, les cirés, les housses, pour faire des grosses lessives, pour nettoyer l'intérieur et pour remplir les réserves ; on a profité de l'électricité du ponton pour tondre la barbe de jm, pour utiliser des outils (réparations électriques encore) ; on a profité de ne pas avoir à ramer en annexe pour aller se ravitailler en bouffe, et on a profité d'internet pour vous entendre sur skype !
S'il n'y avait pas eu tout ce boulot de fait, je ne sais pas si j'aurai eu droit à mes petites ballades quotidiennes en ville ! Jm m'accompagne mais grommèle quand même « c'est cher, c'est comme chez nous, c'est pour les touristes, et gnagnagna », donc pas question pour l'instant de louer une voiture pour aller plus loin à l'intérieur de l'île … pourtant, j'ai l'impression que le parc national, ça doit être pas mal (on ira avec les FlOl !). Bon, j'ai réussi à le coincer de temps en temps devant une Dorada, la bière locale super bonne, et à l'emmener dans un petit resto le dernier soir pour goûter les fameuses sauces canariennes : les mojos, la rouge au piment et la verte à la coriandre fraîche, sur du poisson frit et des papas vapeur, préparés devant nous par la femme de Victor à la « pension Victor ».
 Mon espagnol revient finalement assez bien quand il s'agit de demander des renseignements, de lire sur les étiquettes des emballages, de dire hola, gracias y hasta luego, mais on n'a pas eu l'occasion d'avoir une vraie discussion avec quelqu'un, alors …? jm dit que ça lui manque vraiment, mais comment faire ? Ici ce n'est pas l'Afrique, les gens ne viennent pas à toi, alors comment aller vers eux ? Et au fait, en avait-on vraiment envie ? Parfois, je me dis que tous les deux, on est encore un peu dans une bulle, dans la joie de se retrouver, de faire les choses même quotidiennes ensemble, et ça ne nous aide pas pour l'instant à être très ouvert aux autres ... c'est si bien qu'on verra plus tard, non ?