samedi 25 juin 2011

Petit intermède ...

Les barreurs de Thorsson !

 

mercredi 22 juin 2011

31 janvier au 18 février 2011


tous les 4, au Mexique, décembre 2010 et janvier 2011


Crevés après 4 jours de voyage-retour du Mexique, quel plaisir d'arriver sur Thorsson ouvert, aéré, éclairé et frigo rempli ! Et oui, Pifou et Tartine sont là, à GranTarajal depuis 2 jours et nous accueillent comme des rois !

Quelques jours au port pour se retrouver, se raconter, définir comment on veut passer ces 20 jours ensemble, et, en attendant que le vent se calme un peu, on fait quelques ballades à pied ou en voiture aux alentours. Tout d'abord à Las Playitas : en grimpant par dessus la montagne juste à l'est de GranTarajal, on découvre un joli petit village de pêcheurs ... malheureusement vérolé par un immense complexe hôtelier-sportif « Free your mind » ; je n'avais jamais vu ça : piscine olympique, golf, club de voile, salles de musculation, parcours jogging, espaces stretching, pistes cyclables, et patio avec vélos fixés au sol sur lesquels les gens pédalent au rythme de la musique (boum boum) et avec les encouragements aboyés par une blonde tout en muscle … on déambule aux milieux des différents resto, des supérettes, des hammams, de la piscine à toboggans pour les enfants, de la garderie pour chats (sisi, c'est vrai) ; mais qu'est qu'on fout là ? … ben c'est ici que se trouve l'agence de location de voiture la plus proche de GranTarajal !











On loue donc une voiture pour aller jusqu'à la pointe sud de l'île (Fuerteventura) : vingt kilomètres de pistes poussiéreuses au milieu d'un décor volcanique magnifique pour arriver jusqu'à un phare, un petit musée de squelettes de baleines et dauphins, pour s'extasier devant les vagues, les chèvres et les cactus … c'est comme ça qu'on s'free notre mind, nous !







 







Ravitaillement et préparation du bateau, on est quand même là pour naviguer, et on décide de faire le plus facile : descendre jusqu'à El Hierro (je rappelle que les vents dominants aux Canaries sont Nord, Nord-Est) (voir la carte). Presque 2 jours et 2 nuits de navigation, vent arrière 20 nds (avec quelques départs au lof !) mais surtout avec une houle peu sympathique qui nous font arriver au port de La Restinga sur El Hierro un peu vaseux ! 










Port de La Restinga sur El Hierro .Mignon petit port de pêche, avec un unique ponton pour les plaisanciers (sans eau ni électricité) où seulement deux autres voiliers sont amarrés. L'eau est tellement claire qu'on s'y baigne avec les poissons. Ainsi ravigotés, on part se dégourdir les jambes le long de la côte sud : la lave plissée noire semble encore fumante, mais ce n'est que la bruine des jeysers d'eau de mer qui frappent ces coulées encore intactes 

Tartine se fait littéralement gifler-tremper par une vague, juste pour ma photo ! 

  
Quelques crapahutages plus loin et c'est un décor de falaises rouges et déchiquetées qui tombent dans une eau … turquoise et translucide ! On termine la journée autour d'une bière au bar du port, où l'on fait la connaissance de la « figure » locale : Jeff, le belge, qui a posé ses basques ici depuis au moins vingt ans après avoir échangé son bateau contre une petite maison, qui connait l'île par coeur, qui est très bavard, qui raconte bien les histoires, qui travaille à la coopérative de pêche, qui pourrait nous aider si on veut sortir le bateau, et qui nous conseille pour notre ballade du lendemain.





On prend un bus (les Goua-goua, comme chez nous Divia ou TCL, plus rigolo, non ?) qui nous mène à San Andrès, petit village d'où l'on peut rejoindre un GR, et faire ainsi une jolie boucle d'une quinzaine de km, entre 1500 et 1800 m d'altitude. Prenez un volcan énorme, coupez le en deux (comme un gâteau) et engloutissez une des partie dans la mer : vous obtenez El Hierro. (Pour info c'était y'a 50 000 ans, un tremblement de terre a provoqué la cassure, et l'engloutissement a provoqué un tsunami). La ballade consiste donc à grimper jusqu'à l'arrête du cratère, et de longer la crête pour profiter de cette vue magnifique sur El Golfo, amphithéâtre couvert de bananeraies et de petits villages tranquilles (qui n'est donc que le cratère rempli d'eau de mer pour ceux qui n'ont pas suivi).
On croise quelques promeneurs « décathlon » (chaussures rando, bob, sac à dos et bâtons de ski) qui écarquillent les yeux en voyant Pif et ses pieds nus ! Faut dire qu'il était le plus approprié pour résoudre le problème de JM qui pète sa tong (encooooooooooore !) à la sortie du bus.
Par moment, on se croirait en Irlande, tellement c'est verdoyant, avec des petits murets de pierres sèches, des chevaux, des vergers et des forêts de genévriers, pins, et eucalyptus … quel contraste !









 En redescendant, on traverse de nombreux jardins, et Tartine est d'autant plus avide d'y piquer les figues de Barbarie (au fait, c'est quoi Barbarie ? le pays des cactus et des orgues ?), qu'on nous a appris que ici, « c'est agriculture bio partout, et d'ailleurs toute l'île est classée, protégée, et d'ailleurs c'est la première grande île au monde (270 km2) à ne se servir que d'énergies renouvelables (éolienne, hydraulique et solaire depuis 2007) pour survenir aux besoins de ses habitants … qui d'ailleurs ne sont pas tous très contents, surtout les pêcheurs, dont on a réduit énormément leur quota de pêche ... »






  Le lendemain, 9 heures de bon plein tranquille pour arriver sur l'île de la Gomera ; le vent forçit comme un malade juste devant l'entrée du port de San Sebastian accompagné d'une rabasse de pluie comme on n'avait jamais vu aux Canaries ! Quel pouvoir ce Pifou ! Surtout que ça va durer 2 jours ! Confinés dans le bateau à faire des sudoku ! Ou sortir en cirés pour faire des courses ! Heureusement qu'ils ont amené des bouquins super intéressants (Mélenchon, Paul Ariès, Hannah Arendt) qui vont servir de base à de nombreux
débats tout au long du séjour d'ailleurs.


Bon, la pluie s'est calmée et on a pu louer une voiture pour enfin faire une journée tour de l'île : le plus large diamètre de cette petite île ronde est de 25 km … pourtant, les routes sont de fins serpentins qui se fraient un passage à flanc de falaises et de précipices entre des vallées luxuriantes, des escarpements impressionnants et de solides formations rocheuses sculptées par l'activité volcanique et l'érosion ; pas de plages dorées et de complexes surdimensionnés, mais de petites criques et des villages aux murs blancs chaulés agrippés aux parois rocheuses avec leurs jardins et cultures en escaliers.








On est tout d'abord attiré par « la forêt originelle » du Parc National annoncée dans les guides comme une jungle presque impénétrable ! En fait, tout est très très bien organisé et strictement balisé : départ de tout itinéraire à partir de l'immense « parking-infos-bar-aire de jeux-pique-niques » ; là, tu choisis randonnée pédestre ou à vélo, le niveau de difficulté, tu concoctes avec le temps dont tu disposes, et tu suis la couleur obtenue sur des sentiers balisés, parfois pavés, parfois naturels … bien sûr pas de feu, pas de camping … ça manque un petit peu de charme, mais pourquoi donc une telle protection ? Cette forêt est une des dernières laurisylves (forêt de lauriers) comme il en existait jadis dans toute la méditerrannée ; elle est dense, sombre et hyper humide, les arbres sont couverts de mousses et de lychens pendants comme des cheveux de sorcières, elle baigne dans des flux et reflux de brumes (ici, ils disent « pluie horizontale ») … limite glauque, n'est ce pas ? 

Mais grandiose à vrai dire ! En plus au niveau végétation, Tartine a fait fumé son appareil photo ! « le fameux houx des Açores ! Un saule des Canaries ! Et cette fougère monstrueuse ! »














Après cette grimpette dans les brumes du pic Alto de Garajonay (1487 m), on rejoint le niveau de la mer en s'extasiant tout le long de la descente vertigineuse de la Valle Gran Rey. 
On rend visite à deux petits copains bretons qui sont amarrés au quai du mignon petit port de pêche, on piche-nique sur une plage de galets au milieu de nombreux jeunes « hippies » allemands, et on s'envoie une … heu quelques glaces chez … merde, je ne me rappelle plus son nom ! Marco ? Un jeune français qui te parle avec amour de ses glaces, de leur conception, de ses idées de création de mélange de parfums (ma préférée a été chocolat/piment), des difficultés qu'il rencontre pour trouver de « vrais » ingrédients, installé dans un tout petit boui-boui sympa au dessus de la mini plage familiale du port, avec des tarifs dégressifs très alléchants !!!



 



Pour rejoindre San Sebastian, un peu repus et fatigués, on finit notre tour par le nord ; on traverse des vallées plantées de bananeraies et de palmiers, on croise le village dans lequel est fabriqué le « miel de palma », sirop de sève de palmier (genre sirop d'érable, extra trop bon), on salue le pic enneigé del Teide (3718 m) là-bas en face sur Tenerife, et on monte et on redescend, hey ! y'en a qui somnolent derrière !
Le long de ces lacets interminables où l'on s'en met plein la vue presque à chaque virage (les panneaux « point de vue » sont là pour te le faire remarquer), on joue à faire comme Manu et Anna … facile en fait, il suffit que le photographe réfléchisse un peu.







 




Dans le port, et comme tous les soirs, on se laisse envoûté par le « silbo gomero », ce langage sifflé ancestral composé de plus de 4000 mots nous dit-on : on dirait un dialogue entre deux oiseaux, tour à tour gai, mélodieux ou strident ; il s'entend jusqu'à 4 km ! Avant la conquête espagnole, c'était le moyen de communiquer idéal dans cette île au relief si accidenté. Cette pratique qui était sur le point de disparaître, est actuellement redynamisée ; elle fait partie du programme scolaire de enfants de l'île depuis l'an 2000 et il y a une école pour adultes à San Sebastian justement … éventuellement ouverte aux touristes... - ha oui ?- sisi, mais il faut un ou deux mois rien que pour émettre le son avec les doigts et la langue, et des années de pratique pour reconnaître et produire des mots sifflés !!! - bon, ben je reviendrai …........!!

 Une seule journée consacrée à cette île, c'est surement impardonnable, mais le « guidage» touristique imposant nous a un peu déconcerté, et l'envie de la sèche et sauvage Graciosa s'est fait pressante (et pi faut suivre le timming aussi !)

Donc départ pour La Graciosa : 58 heures de gentil près, avec grosse pétole au nord de Tenerife pendant le quart des mecs, plus assidus la nuit que les Martine, faut bien le reconnaître … Ces heures de nav' nous enchantent toujours avec la rencontre de dauphins, des gros et des petits, une tortue, des poissons volants, et de multiples oiseaux que Pif et Tartine essaient de comparer avec leurs compatriotes bretons « regarde celui-là est comme un goëland mais plus fin !».
Arrivés au mouillage de la Francesa en soirée, on se fera remuer toute la nuit tant et si bien qu'on découvre le davier cassé et tordu au petit matin … davier ? Pièce métallique fixée à l'avant du bateau qui permet de faire coulisser la chaîne de l'ancre sans qu'elle frotte sur la coque. Bonne raison pour rentrer dans le port de la Graciosa, où les mecs s'attaqueront à faire une réparation de fortune pendant que les filles arpentent les ruelles du village.

Pas de photos pour la Graciosa, vous connaissez le programme par coeur : les tapas et le petit resto du pépé, les Martine à la plage, internet au bar de Francis et Suza.
Après ces quelques jours de repos, hop redépart pour Lobos, en passant côté est de Lanzarote, à cause d'une houle annoncée avec des vagues de 4 à 5 m orientées NO ; il paraît que ça fait plusieurs jours qu'elle sévit et que la pêche en est très perturbée dans de nombreux ports des Canaries.
Et c'est surement à cause d'elle qu'on ne profitera pas comme d'habitude de notre mouillage préféré à Lobos : on y est remué, on a peur pour le davier, et pi l'eau n'est même pas claire ! Une journée et une nuit pour leur répéter que d'habitude, c'est tellement mieux et tellement beau, puis retour à GranTarajal.

Notre port d'attache nous paraît tout d'un coup un peu tout béton et tout gris …
C'est l'heure du bilan :
  • c'est El Hierro qu'on a tous préféré
  • y'a pas eu moyen de pêcher quoi que ce soit !
  • c'était trop court
  • tu nous avais dit qu'il ne pleuvait jamais !

Journée grand nettoyage-rinçage, Tartine y tient, puis bouclage des sacs avec les récoltes de Tartine : les cailloux, les morceaux de laves, les bocaux de sable, les minis cactus, et celles de Pifou : les kilos de gofio, les pots de sauces mojo, et les litres de miel de palma !
Une petite soirée billard hollandais en guise d'adieu … et à 6 heures le lendemain matin, ils étaient repartis ... snif !