mercredi 5 mai 2010

21 avril

On est donc parti de Burey town le mercredi 21 avril à 10 heures le matin.

Les premiers jours furent tranquilles au niveau météo avec peu de vent mais pas de vagues, donc de gentils bords de près ; ce fut pourtant tendu car on a perdu un masque de plongée, un chapeau, un rapala et 300 mètres de fil de pêche dans la foulée … pour une fois, j'étais d'accord avec lui : « il n'avait pas de chance ! »

Le vendredi 23 aurait pu auguré un renversement de cette situation : il pêcha un thon !

Mais pas pour moi …

Nuit d'épouvante : mon premier orage !

« calme plat avant l'orage » : ce même jour à 22 heures devant l'entrée d'un port guinéen, jm se décide à mettre le moteur (et moi les boules quiès) pour recharger les batteries et surtout pour être manœuvrant avec tous ces petits chalutiers autour de nous (j'en ai compté 15 à un moment !)

à minuit, je prends mon quart, un vent arrière s'établit à 5nds, on arrête le moteur, jm descend se coucher...

tiens, la lune me fait des clins d'oeil ? ou ce sont mes yeux qui clignent ? Ha, non, ce sont de tout petits éclairs, dont on ne voit pas les zébrures, mais qui font des flashs réguliers dans la nuit …

une demi heure plus tard :

jm, réveille toi, le vent forçit !


Super !


oui, mais il est passé de 5 à 15 nds en quelques minutes !

Jm remonte et observe l'espèce de nuage filandreux, horizontal et noir derrière nous : rien à voir avec le genre d'enclume qui peut éjecter les deltistes dans le cosmos, mais par précaution, on échange génois contre trinquette.

En plus, le vent s'établit entre 15 et 18 nds et nous pousse au 320, exactement notre direction, il n'y a pas de houle et la lune nous éclaire.

Jm reste avec moi pour suivre l'évolution car ça monte, ça monte tout doucement … il aimerait bien que ça redescende un coup pour prendre des ris, mais en même temps, le ciel ne lui apparaît pas si orageux que ça …

Pour moi, tout me semble menaçant, le noir, le bruit, la vitesse … bien que petit à petit, je sophrologise et je m'habitue... Il en profite pour m'expliquer les risques :

de partir au lof : le bateau en a marre et malgré le pilote, se couche et se met face au vent ; j'ai déjà vu maude et élo se faire éjecter de leur 420 dans ce cas, mais il m'assure que ça ne peut pas nous arriver (j'agrippe un bout qui traîne par là quand même)

ou un empannage non contrôlé : « si la trinquette passe, tu baisses la tête »

3 minutes plus tard, ça y est, on y est, c'est le coup du lof ! Je n'ai rien eu le temps de voir, sauf que maintenant, il y a encore plus de bruits : des claquements, des hurlements, des sifflements, des bip bip du pilote désorienté … et dans cet enfer, jm qui veut en profiter pour prendre les ris !! Il me crie de m'assoir en haut des marches, et de ne plus bouger … Vu comme tout mon corps tremble de froid et de peur, je crois que je n'aurais pas pu faire grand chose … J'avoue que son sang froid me stupéfie !

La grand voile ainsi diminuée, on repart vent arrière « c'est plus cool, non ? » hum, hum...

20 nds avec des claques à 24, et ça va durer jusqu'à 6 heures du mat' !!

Répit de quelques heures, jm s'effondre, puis on aura entre 13 et 17 nds, au près, sans interruption pour tout le restant du voyage...




J'ai un peu l'impression qu'on fait des quarts de jour comme de nuit : quand l'un dort, l'autre est sur le pont … on se croise le temps d'un petit manger/toilette pendant lequel on met le bateau plat.

Les anecdotes de ces 5 journées :

par deux fois j'ai été réveillée par la douche froide d'une vague passant à travers mon hublot (ça n'aide pas à être de bonne humeur ...),

on a vu des globicéphales, espèce de gros dauphins mous à qui l'on aurait coupé le nez , on a eu la visite d'un petit oiseau, pas peureux du tout, qui a passé la journée à essayer de rentrer à l'intérieur du bateau, un moment sur mon épaule, puis sur le pouce de jm, et qui s'est finalement enfoui sous un sweat-shirt à la nuit ...au petit matin, il était mort … ?? on en était tout décontenancé ...c'est donc vrai que les oiseaux se cachent pour mourir ?

Au final, on passe la dernière nuit à faire exprès de ne pas avancer pour arriver vers 7 heures du mat' le vendredi 30 avril au port de Praia, sur l'île de Sao Tiago : on a encore les lumières des phares pour se repérer, et plus on s'approche, plus on a la lumière du jour pour éviter les paquebots et les pêcheurs qui traînent par là, et choisir tranquillement notre mouillage.

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