jeudi 18 mars 2010

jeudi 18 mars 2010




j'ai du mal à savoir la date, l'heure …

ce que je sais, c'est que je suis arrivée lundi à l'aéroport de Dakar à 3 h du matin et que je suis maintenant sur thorsson au mouillage de N'gor, au nord de Dakar : une anse protégée par une petite île.

Le petit village d'N'gor s'étale devant la plage, avec à gauche, de petits hotels tenus par des villageois en moellons peints, des petits bars et un embarcadère à pirogues qui traversent toute la journée pour l'île (sur l'île, ce sont des hotels tenus par des toubabs) ;

à droite, des maisons à un étage, en moellons bruts, enchevêtrées, non terminées, avec des ruelles ensablées de 60 cm de large ; ça fait très gris, seulement quelques palmiers maigres et chétifs ;

sur la plage, des moutons qui broutent (?) les ordures sur la plage, les belles pirogues des pêcheurs, des femmes qui passent avec des chargements sur la tête, des enfants qui jouent au foot, des lutteurs (sport national) qui s'entraînent au son du djembé, des mecs qui lisent la charia à l'ombre d'un bateau, des toubabs qui cherchent où marcher sans salir leur pantalon Décathlon, des vieux blancs qui se balladent au bras d'une jeune black …

cinq fois dans la journée, l'appel à la prière d'un imam depuis l'un des trois minarets par dessus le bruit des moteurs des avions qui décollent, par dessus les chants de soldats en tenue kaki + gilets de sauvetage orange fluo qui s'entraînent à ramer et à manoeuvrer sur des pirogues comme des galériens sous le soleil de plomb …

cathy m'a demandé : alors tes premières impressions sur l'Afrique ?

À vrai dire, à la sortie de l'avion, l'odeur de la mer, du poisson, la touffeur de l'air (et pourtant il était 3 h du mat') et l'assaillement des taxi-men, des mecs qui proposent de changer tes euros, m'ont tellement déboussolée que je n'ai même pas vu le seul blanc (bien marron en fait), hirsute, en short crado, qui rigolait en me voyant si perdue, et vexé que je ne le repère pas au milieu de cette foule colorée …

Le premier jour, jm partant tôt avec son pote Seka à la pêche, je n'osais même pas sortir du bateau ! Je m'accrochais à qq références du monde que je venais de quitter : faire un nescafé, rouler une clope ... et je me forçais à regarder autour de moi ; mais tout était trop éblouissant, la petite nausée persistante et la chaleur me rendaient larve !

Puis chaque nouveau jour, c'est devenu mieux : j'ai réussi à faire du vrai café, j'ai pris des photos, j'ai rangé mes valises, j'ai mis de la musique, j'ai fouillé les réserves de bouffe, je me suis baignée, j'ai pris des douches, j'ai fait du pain

et surtout, j'ai retrouvé mon hom', on a passé des heures à se raconter ;

puis j'ai rencontré Seka : il est tout content de pêcher avec jm qui participe à l'essence du moteur de sa pirogue et surtout qui emmène des « rapala » (hameçons spéciaux) ; il nous laisse un poisson, me montre comment le cuisiner et mange avec nous, ou reste juste le temps de boire les 3 thés, et de discuter : de pourquoi on est là, de sa femme et sa famille, de la vie au village, des sacs plastiques qui flottent, de son neveu qui est ingénieur à EDF à Marseille, des pêcheurs qui gagnent plein d'euros parce qu'ils pêchent à la mine, de son père qui ne voulait pas qu'il travaille dans l'hôtel des toubabs de peur qu'il boive de l'alcool … dès que le sujet le dérange, « dieu a dit, dieu a dit, ou inch allah, inch allah » ; on a l'impression qu'il a bcp de réponses toutes faites, toutes inculquées, et qu'il n'a pas souvent appris à réfléchir par lui-même, mais il est curieux, un peu profiteur bien sûr, mais je crois qu'il nous aime bien aussi ; il a insisté pour nous emmener chez lui (on voulait rencontrer sa femme Aram, mais elle travaille à Dakar, elle doit être aide-maternelle) ; on a donc fait connaissance avec sa mère, ses neveux, pleins de femmes … mais pas Aram ! À défaut, il nous a montré son album photos de mariage …

Puis il nous a emmené chez le marabout de sa famille (enfin jm d'abord, puis il est venu me chercher) : un jeune en boubou blanc, il est le médecin, philosophe, éducateur, installé dans une pièce un peu sombre de 2 mètres sur 3, un lit et une armoire, le tout recouvert de bouteilles, fioles, pots ou calebasses de poudres, grigris, colliers, masques … et dans un coin, un ordi avec écran plat, ouvert sur skype ! Impressionnant tout d'abord ! Mais finalement, le va et vient des enfants, des femmes qui l'apostrophent (en wolof, on comprend rien), Seka qui amène le thé, et sa propre simplicité, envie d'échanger avec nous, d'une manière différente, très ouverte sur le monde et pleine d'espoir pour les africains ! Je ne peux résumer cette heure de discussion, mais c'était super.


Jm : « hou, comme ta description est noire ! »

ben oui, c'est seulement petit à petit que je prends plaisir à être là

ben oui, la plage n'est pas une plage de carte postale

ben oui, je m'inquiète déjà pour ma première navigation prochaine

mais laisse moi m'adapter !!!


demain, on fait les courses pour charger le bateau et on va voir ailleurs...


4 commentaires:

  1. merci Mama, merci pour ces frissons que tu nous donnes en décrivant ce que tu découvres (le brun hirsute à l'aéroport, l'univers de Seka, la fenêtre ouverte sur le monde dans son boui-boui de 12m2) !

    On est de tout coeur avec toi !
    Le Barbu, il est déjà habitué, c'est tout juste s'il se rappelle de sa vie d'avant, non ? ;-) On vous embrasse très fort.

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  2. WAOUUUUW ! Génial ! Great ! Handsome ! Chido !
    Dale suavemente !

    A mi no me parece tan negra tu descripcion, solo realista cuando tu apenas llegaste, con todo lo que te contaron Cathy, Tatli o muchos otros sobre Africa, pero sin realmente saber lo que te esperaba. Si no lo vives, y eso con la gente de alli, nunca sabras. Me di cuenta de eso bien tarde.

    Hoy es dia de primavera, y ese dia, la gente va en busca de la buena energía y suele vestirse de blanco, hacer rituales prehispánicos, someterse a una “limpia” con hierbas e incienso y meditar en las pirámides.
    A las 11:32 horas ocurrirá el evento astronómico, donde la duración del día y la noche son iguales en todo el mundo, con excepción de los polos.

    En las culturas teotihuacana y maya, la época marcaba el fin del frío y el inicio del calor, con temperaturas asociadas a la siembra y cosecha ; asi que en el sitio maya de Chichén Itzá, durante la puesta de Sol del día del equinoccio, se proyecta el perfil de la sombra en la escalinata sur de la pirámide de Kukulcán.

    Esa proyección solar sobre la pirámide consiste en siete triángulos de luz invertidos, resultado de la sombra que proyectan las nueve plataformas del edificio durante la puesta de Sol. Parece que el sol baja como una serpiente !

    Ayer, tuve una discucion muy interesante con Juana (8 anos), una de las chicas que venden animalitos en la calle y que ya me reconoce por verme siempre leer en la calle. Y aparte, en un momento, hablo tzotzil con su hermanito Elizeo, entonces pude escucharlo bien, pero no se parece a nada (tal vez un poco de chino...?!?). Y me dijo que me ensenara mientras yo le ensenaré un poco de... no sabemos qué todavia ; a ver cual sera el trato !

    Beso sabor huitlacoche !
    lisa

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  3. salut ou plutot nangadem genial ce blog des nouvelles et des souvenirs je vois que vous allez biens tous les deux et que le caton realise sont reve
    bravo pour la redaction mama continue comme ça gros bisous a tout les deux bye .....eric de new caledonia

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  4. salam alekoum jean marc et mama
    Alors barbu, t'en révais tu l'as fait.CHAPEAU!BRAVO!Continue de nous faire réver,pauvres crétins occidentaux poussifs et perclus de préjugés...Tu reconnaitras l'anonyme, grand homme
    A bientôt

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